traité de la vie et de son insupportable épaisseur —— V, 4 ~

Le commun a déjà un argument en lice pour déjouer toute tentative de sonder le réel de la sorte : si, quand le besoin de creuser l'entour de la vie se fait noblement ressentir, on lui parle de l'épaisseur, il répond avec gouaille : « S'occuper de l'épaisseur de la vie, c'est se couper des choses intéressantes...   Pourquoi vous retrancher hors de la société des hommes, tel un qui boude dans son coin ? »   Nous prenons de plein fouet cet argument inane : certes

	Nous reconnaissons dans cette manière de lancer des « vérités » un procédé manipulatoire :   La phrase du commun mélange la critique du donné (qui se veut objective : « s'occuper de l'épaisseur de la vie », « se retrancher hors de la société des hommes », ...) et la qualification émotionnelle, laquelle a surtout pour effet d'imposer une certaine impression au public, en manipulant sa sentimentalité.   Signe de cette « qualification émotionnelle », par exemple : l'usage de l'expression « bouder dans son coin », qui véhicule insidieusement l'image d'un enfant capricieux ou d'une personne au comportement infantile.   L'homme honorable a, entre autres tâches, le devoir de repérer ce type de manipulation émotionnelle, et de s'y opposer —— certes, par des moyens qui demandent parfois attention —— avec rigueur et sans complaisance.   Ce sont de telles manipulations qui sabordent tout débat, ruinent toute entreprise d'envergure, et, en fin de compte, font échouer le projet humain.

, il vaut peu.   Que répondrons-nous, s'il s'agit toutefois d'y répondre par des mots, à pareille saillie ?

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