Prenons par exemple le cas de quelqu'un qui aurait déjà par le passé ingéré des cachets pour se suicider, soit à une, soit (de manière plus probante encore) à plusieurs reprises... Cette personne, de par sa pratique passée, a créé en elle un lieu d'association mentale entre « les cachets » et « le suicide ». Ainsi donc, à chaque fois qu'elle prendra des cachets, —— quand bien même ce serait pour son bien ——, elle réactivera le geste suicidaire dans sa praxis.
Cette personne, il est probable, verra tout jeu de cachets comme un objet qui lui rappelle insidieusement son autolyse, et il est à gager que même lorsqu'elle n'a aucune envie de se suicider, elle ne peut se trouver à proximité de cachets sans entendre en quelque sorte ces médicaments lui rappeler que le suicide est « toujours possible ».
Ainsi, nous voyons qu'une expérience passée (et en l'occurrence, une expérience de grands poids, mais cela s'applique en fait aussi bien à de « petites » expériences) crée une unité semantico-pragmatique qui irradie de là où elle se trouve vers toutes les autres associations mentales disponibles. Le travail à effectuer est d'annuler l'impact négatif de cette irradiation.
Mais comment faire ? Ce qui se trouve est une association donnée, bien entrenchée :
cachets |
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suicide |
Ce qu'il faut réaliser, c'est de rendre obsolète cette association. La seule arme qui est à notre disposition, c'est le fait de pouvoir créer de nouvelles associations. Supposons par exemple qu'on réussisse à associer « cachets » à « bien-être ». Cela revient à créer une nouvelle liaison :
cachets |
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bien-être |
Cela sera-t-il efficace ? * La réponse est NON * En effet, « bien-être » étant en quelque sorte l'antonyme de « suicide », ces deux termes s'appellent eux-mêmes l'un l'autre, si bien que ce que l'on a créé est en fait la trirelation suivante :
cachets |
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bien-être |
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suicide |
Cette trirelation est pernicieuse, car chaque fois que l'individu souffrant interagit avec des cachets, il pense à la fois « bien-être », qui est activé par sa reprogrammation mentale, et « suicide » qui est son ancienne programmation plus la liaison d'antonymie entre bien-être et son contraire... De sorte qu'en fait, nous n'avons absolument pas guéri l'individu de son obsession, nous l'avons juste un peu compliquée.
Quelle sorte d'associations d'idées peuvent alors, s'il en est ainsi, venir en aide à une personne qui souffre d'associations néfastes ? La réponse est que l'on doit « forer » l'espace des associations mentales dans des directions « perpendiculaires » à l'association d'idées néfaste. Quant à exposer de quelle manière on s'y prend, c'est plutôt complexe, et cela fera l'objet d'une autre note.