Chant quatrième
Ô Muse aromatique, ô Muse
Alimentaire, ô Muse amie
Des Picon, des Pastis, des Suze
Et du Viandox, help me, help me !
Enthousïasme-moi, écris
Zici les vers qui conteront
La colère immense et les cris
Que la bouteille au ventre rond
Et la boisson toujours moussante
À cette occasion échangèrent.
Fais que cette rime oppressante
De tout cela rien n'exagère.
Inspire-moi les plus beaux vers
Et que mon lecteur, ce veinard,
Plus d'une fois, lève son verre
(D'Orangina ou de Ricard)
Pour applaudir à mes audaces,
À mon inimitable style,
À mes métaphores vivaces,
À mes jeux de mots difficiles.
C'était donc là-bas le duel
Entre Orangina et Coca,
Et les deux boissons sensuelles,
Les deux juvéniles sodas,
S'affrontaient l'un l'autre et que gagne
Le plus soldé, le plus juteux,
Le plus alléchant, le plus magn-
Ifique ou bien le plus mousseux.
« Prépare-toi à la faillite,
» Orangina la spiralée,
» Je vais t'assommer de mon pschitt
» Tel un Schweppes à peine avalé ! »,
Criait Coca dans la mêlée;
Son adversaire, imperturbable,
Lui fit cette réponse ailée :
« Pauvre abruti, pauvre minable,
» Tout juste bon à rafraîchir
» L'haleine des adulescents
» Qui au Mac Do vont s'affranchir
» De quelques sous, de quelques francs,
» Tu ne m'inspires que pitié,
» Et n'étais-tu si misérable
» Que je t'écraserais du pied
» Telle une merde pitoyable. »
Comme elle dit ces mots, Coca
Ne se sent plus de rage et lance
Un jet pressurisé de sa
Poisseuse et sale consistance.
Orangina [tm] de peu
Évite le tir attaquant,
Et ripostant, expulse en l'air
Sa capsule au reflet clinquant.
Mais Coca aux légers salaires
A prévu la chose à l'instant
Et sur le sentier de la guerre
Il satellise à bout portant
Un plein demi-litre de verre
Qui sur Orangina se brise.
Le coup est sans bavure et net,
Et touchée par cette traîtrise,
La rouge orange, atteinte, arrête
Son regard, et vers le ciel noir,
Tourne ses yeux et hurle au vent
Qui souffle dur de désespoir :
« Ô jour funeste , ô sort souvent
» Contraire, ô temps, ô mœurs , voyez
» Dans quelle affaire Orangina
» Lutte contre le dévoyé
» Et tentaculaire Coca
» Qui les boîtes veut dépouiller
» De leurs sacro-saints bénéfices,
» Qui leur liberté veut souiller
» En un ignoble sacrifice !
» Pepsi, mon ami, mon complice,
» Mon frère en mélanges de glace,
» Viens me sortir de ce supplice,
» Et remettre Coca en place ! »
Voici les mots que la très belle
Orangina expectorait
De sa rythmique de crécelle
Qui alentour tous alarmait.
Voici les syntagmes liés
Qui s'écoulaient hors du larynx
De la boisson de l'Homme alliée ,
De la princesse des soft drinks.
Et comme elle disait cela,
De nouveau les cieux changèrent,
Et devant le Coca-Cola
Apparut Pepsi l'adversaire.
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