[abt1] non pas l'intelligence

Un idéaliste se plaignait de la sottise de ses contemporains, y voyant pour sa part la racine du mal.  Il voulait élever leur intelligence, afin qu'ils vissent où les menait leur incurie, une lande de pauvreté, encore, et encore de souffrance.  Un contradicteur lui dit alors : « Ce n'est pas l'intelligence qui manque à vos concitoyens.  Imaginez les mille fois plus subtils dans leurs calculs, ils ne pourraient, à moins d'être possédés de bonté, qu'être mille fois plus perfides.  Ce n'est pas d'intelligence que vous rêvez, mais de bonté.  Or, la bonté ne se répand pas gratuitement : il faut en général en avoir fait l'expérience pour avoir envie de s'y mettre, et de la propager.  En faire l'expérience, c'est en général y être préparé, plus en avoir le désir, plus, à moins d'être d'une trempe exceptionnelle, recevoir des encouragements du monde environnant lorsqu'on s'engage sur cette voie.  À chaque seconde, des milliers décident de partir sur de nouvelles bases, mais n'ont pas la chance de recevoir un signal positif de leur entourage : ces milliers alors abandonnent.  Peut-être le monde serait-il meilleur s'il était capable de déceler les tentatives positives. »

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