un qui soit pris au bord de la contingence

Qui saura ce que cela veut dire ?  Qui a encore intérêt à le saisir ?

§.2  Un qui soit pris au bord de la contingence, sûrement.  Et un tel, pris en cela même, que dirons-nous de lui ?  

§.3  Mais déjà, et avant toutes choses, se fera-t-il qu'il verra la lumière du monde, ou bien restera-t-il dans l'enveloppe de l'obscurité ?  L'étonnante lumière, la pleine lucidité, que dirons-nous d'elle ?  N'est-elle cela même qui nous porterait à croire que tout un jour *se perdra* ?  

§.4  Or, que tout doive finir par se perdre un jour, et cela veut dire qu'en somme « à quoi bon ? »...  Et si c'est « à quoi bon » que l'on se dit en fin de compte, alors rien n'a d'intérêt, plus de lutte, plus de combat, mourons donc...

§.5  *Mais non !*   Il n'en va pas du tout ainsi, et ce monde recèle vraiment une infinitude, sise au sein de tout le donné.  Quand bien même ne serait-ce : que l'infinitude de la Question !  Mais encore, en vérité, une infinité d'infinitudes !  

§.6  Et, de ce que le monde recèle cette infinitude, la *vertu* peut prendre place, car la vertu est assurance de ce que tend toujours le bien le long de l'infini.  Voici un des chemins par lesquels, au bord de la contingence, le-plus-perdu s'est sauvé.  Voici comment la vie en vaut la peine.

    <<          >>