redémarrer la mécanique

Accôtés sur le bord de l'autoroute, l'homme et son véhicule, ô la vie, la vie intense, envisagent que leur course pourrait bien s'arrêter là, faute de carburant.  N'y en avait-il pas assez, ou bien quelque infime erreur, dès le départ présente mais encore imperceptible, hélas, trois fois hélas, a-t-elle été commise ?  Et d'abord, qui le dira, et ensuite, y aura-t-il encore avantage à le dire ?  On pourrait aussi commencer par là, et dire que plus rien n'a d'importance...  En ce sens, accôtés sur le bord de l'autoroute, l'homme et son véhicule ne sont pas prêts de redémarrer...  

Cette entreprise n'aurait pas pris ces dernières couleurs si tristes, si ne s'était pas donnée comme un but la nécessité d'en sortir, —— mais alors, c'est dire que tout cela était nécessaire, c'est dire qu'il fallait essayer de s'en sortir, c'est dire que le premier mouvement ne saurait être questionné, et donc, tout se tient, le début comme la fin, le chargement des bagages à l'aurore et l'atmosphère embuée / les sièges de cuir dans la bagnole, mais, le départ, le départ, et la route qui défile, puis cette autoroute, et l'accident, l'accident !  

Mais, c'est dire encore que tout se tient, et que cet X n'est pas accessible sans qu'il y ait aussi -Y, que le positif est en cheville avec le négatif, que le ratage est inévitable et donc, même, indispensable, dire que tout se tient et que, accôtés là, l'homme et son véhicule, sur le bord de l'autoroute n'attendent que la résolution naturelle de leur dévouement matin.  

—— Cependant, il est plus facile qu'on ne croit de détourner une impasse de son cours sans issue, il suffit de forer, forer le présent, creuser le passage vers d'autres possibles, qui à leur tour créeront davantage de potentialités.  Cela ne semble impossible que dans l'instant de l'accident; mais c'est en fait tout-à-fait faisable.

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