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S'il était possible de découper le territoire du vrai en deux régions bien étanches, tous les débats se règleraient suivant l'idée que deux camps se déterminent.⨝ Mais même cela n'est pas donné.⨝
§.2 Cependant, en admettant quelque chose de cette sorte, il restera toujours que chaque camp s'estimera le seul détenteur de la vérité et l'autre, le seul détenteur de l'erreur.⨝ Or, comme le cheminement de la parole en quête de vérité passe par des étapes de doute et de remise en question, à l'épreuve du feu de l'autre approche, on devrait avoir redéfinition perpétuelle de la frontière.⨝
§.3 C'est pourquoi l'idée d'une vérité extérieure n'est pas raisonnable, donnée en dépendance de l'existence du débat, et encore moins de la politique.⨝ Car, le char de l'état des choses, c'est de disposer de deux chevaux, un blanc et un noir, et de les faire marcher différentiellement et à convenance, pour aller où l'on désire aller.⨝
§.4 Dit autrement, la vérité du débat ne peut se concevoir en dehors du débat, mais, comme elle ne peut non plus se concevoir dedans (car alors, elle appartiendrait exclusivement à l'un des camps), c'est qu'elle est diluée, éparpillée dans la nature et que c'est le mouvement qui la restitue.⨝
§.5 Encore dit autrement, il est nécessaire que quelqu'un d'entre vous en face de vous ait tort quand vous avez raison, et que quelqu'un ait raison quand vous avez tort.⨝ À tel point que, s'il est en votre pouvoir d'avoir tort à un moment donné, et que vous êtes le seul à pouvoir avoir tort de cette façon, alors il est de votre devoir d'avoir tort de cette façon
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