le répondant

Mais l'homme du désert n'a pas cessé ses jérémiades...  Et l'autre, qui allait devant, ne s'est pas retourné pour contempler le chemin parcouru...  Il y a simplement eu cette étendue remplie de rien, et puis cette parole qui s'élevait au milieu du vide.  Il y a eu cette parole qui tenaillait d'angoisse, qui n'allait nulle part en particulier.  Cet homme fou qui parlait au silence, qui ne parlait alors qu'à lui-même ?  Non pas, car il interrogeait l'Esprit du Temps...  

Mais alors, à quoi bon tout cela ?  Pour quoi faire ?  Des pas sans plus d'entrain se traînaient vers la non-destination.  Il y avait ce silence, il y avait... ou n'y avait-il pas...  Celui qui devait y et en répondre ?  

Tu parlais, à ce for intérieur, tu avais ce répondant.  Face à l'éternité des néants de perte, face à la faille béante dans laquelle on se jetait, il y avait ce répondant.  Et nous n'avançâmes pas pour rien, non.  Nous ne nous jetâmes pas pour rien dans l'Étendue.  

Un pôle d'avenir nous plantâmes.  Une ouverture nous créâmes.  Mais alors, il fallait être assez fou pour envisager que ce fût la bonne manière.  Fous, nous le fûmes.  Aussi est-ce pour cette raison que nous réussîmes.

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