le cruchon

Le cruchon ne se désespérait pas d'être, trop souvent, vide.  ²Le cruchon ne se désespérait pas plus d'être, trop souvent également, plein.  ³Le cruchon passait un certain temps, c'est vrai, à être rempli, un temps équivalent à être vidé.  ⁴« Quand mon cruchon est plein, je le vide; quand il est vide, je le plains. »

⁵La serviette qui assistait aux repas du cruchon (comprenez bien ce que ces mots veulent dire) ne se souciait pas précisément de ses inconstances et de son devenir.  ⁶Cependant, c'est bien en fonction de ceux-ci que, elle, la serviette, suivait son cours non moins incertain.  ⁷Dira-t-on que la serviette était insöuciante ?  ⁸Dira-t-on qu'elle portait à faux ?  

⁹Le torchon qui essuyait les plats vidés à présent, non plus, non plus, pas davantage.  ¹⁰Dira-t-on que le torchon avait encore moins d'esprit que la serviette ?  ¹¹Et pourtant, voyez : ceci est le point : ce sont ces ustensiles qui ne se souciaient de rien qui constituaient l'essence même du festin.  ¹²La vie soit aux plus enfants d'entre nous.

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