louer la Terre

Vers-le-ciel dit à Vers-la-terre : « Le chameau est certainement supérieur au cochon, de ne pas remuer son nez dans toutes les matières ignobles qui pourraient passer à sa portée.⨝  Le cochon, lui, ce n'est pas un nez qu'il a, mais un groin. »⨝  

Vers-la-terre dit à Vers-le-ciel : « Le cochon ne voit pas dans la matière ignoble de la matière fondamentalement différente de celle qui arrangerait même le trône du Roi des chameaux.⨝  D'ailleurs, ces termes de noble et d'ignoble ne sont-ils pas eux-mêmes des grands mots, et n'êtes-vous pas dedans à remuer votre langue comme le cochon dans la fange son groin ? »⨝  

Vers-le-ciel dit à Vers-la-terre : « Vous ne me terrasserez certainement pas d'un argument pareil, car moi je reconnais ma fange et ne me vante pas de quoi que ce soit d'illicite.⨝  Tandis que vous, vous avez si bien consommé ce cochon que lui et vous ne faites plus qu'un. »⨝  

Vers-la-terre dit à Vers-le-ciel : « C'est qu'il y a une faculté de transsubstantiation dans l'univers, comme on me l'apprenait à l'époque où j'espérais encore les cadeaux du Père Noël.⨝  Mais songez aussi, que du cochon peut se faire du non-cochon, comme du non-cochon peut se faire du cochon. »⨝  

Un enfant qui avait été animal intermédiaire rit beaucoup du dialogue de ces deux bêtes : « Quoi, soupira-t-il enfin à part lui-même, ces deux bestioles n'ont pas encore compris que la voie est de louer la Terre, mais à laquelle le Surhomme donne un sens ? »

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