une eau peu croyable

De fort de café, le maintien de la Question s'est fait doux comme sucre.  Il a *fondu*.  —— Ne vous récriez pas, c'est le sort de toutes les questions qui se posent crûment, mais doivent un jour céder un peu de terrain.  

De fort et baraqué, le questionneur s'est fait tout fluet.  Ne médisez en rien : cette évolution est plus que normale.  Je veux bien dire : qu'elle est normale.  Elle est dans la norme.  —— Et pourquoi le maintien de la Question s'est-il sugarisé, pourquoi le questionneur s'est-il amenui ?  Parce que la Question allait se poser, mais *concrètement* ?  

Oui, entre autres, et pas que cela.  La Question, elle vit dans une atmosphère qui est tout ce qu'il y a de plus céleste, c'est tous qui le disent, et vous dites encore qu'elle ne se manifeste —— si elle se manifeste —— sur Terre que hors toute concrétude, comme qui dirait toujours en ce qu'il y a de plus éthéré, de plus abstrait...  

Non, non et non !  La Question est concrète, incroyablement concrète !  Si vous ne connectez rien du sens de la vie elle-même à ce qui en fait le contenu, vous n'êtes qu'un âne, un âne bâté !  Reprenez-vous, et dites : « Oui, l'air de la Question est abstrait, mais son eau se laisse boire, elle est fraiche et désaltérante.  Quiconque en a bu une fois n'a plus jamais soif...  Par contre, il courra peut-être les bars... »

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