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Il est de votre devoir d'avoir tort individuellement quand l'ensemble a raison contre vous, et d'avoir raison seul quand c'est le groupe qui a tort —— deux choses qui reviennent au même —— car c'est de cette dissonance seule que peut procéder la marche de la vérité sociale.
Sans cette dissonance, la vérité ne saurait apparaître, elle qui est, non pas état, mais processus. Et, comme elle est le processus qui accompagne, au fil des dissensions, la résolution du conflit, mais qu'elle n'est pas cette résolution elle-même, la vérité sociale est possible.
C'est pourquoi il est important d'avoir tort quand les autres ont raison, par exemple. Mais alors, à l'échelle supérieure, ce n'est plus avoir tort ni raison, c'est participer du processus, tout simplement.
Ainsi, l'on comprend que l'avancement d'un discours se base sur l'avancement de ses parties.
Dans le moment où vous énoncez à votre échelle une chose fausse, s'il se trouve un système autour de vous qui la traite, au sein de choses fausses également et aussi de choses vraies, cette chose fausse cesse d'être seulement fausse : elle devient élément du système plus vaste.
Il en va de même pour une chose vraie.
Dès le moment que sont énoncées ces choses vraies et fausses, ce qui compte c'est la logique externe qui les articule les unes aux autres, et cette logique-là, elle vous échappe nécessairement, car ce n'est pas de vous qu'elle participe. L'ensemble n'est pas un élément.
C'est en cela qu'il est permis de voir émerger d'une multitude de comportements incohérents une vérité subtile, et que la sottise du monde ne lui porte pas, tant qu'elle ne se pique pas d'intelligence, ombrage